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Elwen est un jeu de rôle dans un univers médiéval fantastique • Vos passages préférés
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Vos passages préférés

Posté : sam. 2 juil. 2016 22:09
par Perceval
Je pense que sur ce forum nous aimons tous écrire, et par conséquent lire, je propose donc que nous partagions les passages de littérature, poésie, théâtre qui nous ont le plus marqués, émus, etc. Je commencerai donc avec un extrait des "Souffrances du jeune Werther", roman epistollaire de Goethe:

"C'est donc pour la dernière fois, pour la dernière fois que j'ouvre les yeux! Hélas! Ils ne verront plus le soleil; des nuages et un sombre brouillard le cachent pour toute la journée. Oui, prends le deuil, ô nature! Ton fils, ton ami, ton bien-aimé, s'approche de sa fin. Charlotte, c'est un sentiment qui n'a point de pareil, et qui ne peut guère se comparer qu'au sentiment confus d'un songe, que de se dire: Ce matin est le dernier! Le dernier, Charlotte! Je n'ai aucune idée de ce mot: Le dernier! Ne suis-je pas là dans toute ma force? Et demain, couché, étendu sans force sur la terre! Mourir! Qu'est-ce que cela signifie? Vois-tu, nous rêvons quand nous parlons de la mort. J'ai vu mourir plusieurs personnes; mais l'homme est si borné qu'il n'a aucune idée du comencement et de la fin de son existence. Actuellement encore à moi, à toi! A toi, ma bien-aimée! Et puis -séparés, désunis- à jamais peut-être? -Non, Charlotte, non- Comment est-il possible que je disparaisse? Que tu disparaisses? Puisque nous existons! -Disparaître!- Qu'est-ce que cela signifie? C'est encore un mot, un son vide que mon coeur ne comprend pas. -Mort, Charlotte! Enseveli dans un coin de la terre froide, si étroit si obscur! J'eus une amie qui fut tout pour ma jeunesse privée d'appui. Elle mourut, je suivis le convoi et me tins auprès de la fosse. J'entendis descendre le cercueil, j'entendis le frottement des cordes qu'on lâchait et qu'on retirait ensuite; et puis la première pelletée de terre tomba, et le coffre anxieux rendit un bruit sourd, puis plus sourd et plus sourd encore, jusqu'à ce qu'enfin, il se trouvât entièrement couvert!- Je me précipitai auprès de la fosse -bouleversé, saisi, oppressé, les entrailles déchirées, mais je ne savais ce qui m'arrivait -ce qui va m'arriver- Mourir! Tombeau! Je n'entends point ces mots!

Re: Vos passages préférés

Posté : dim. 10 juil. 2016 12:57
par Zorghx
Bonne idée^^ !

Voici un passage qui m'a marqué, il y a plusieurs années,
lors de mes études:


" Toute oeuvre d'art est l'enfant de son temps et, bien souvent, la mère de nos sentiments.

Ainsi de chaque ère culturelle naît un art qui lui est propre et qui ne saurait être répété. Tenter de faire revivre des principes d'art anciens ne peut, tout au plus, conduire qu'à la production d'oeuvres mort-nées. Nous ne pouvons, par exemple, avoir la même sensibilité ou la même vie intérieure que les Grecs anciens. De même un effort pour appliquer leurs principes plastiques n'aboutira qu'à la création de formes semblables aux formes grecques, mais pour toujours sans âme. Une telle imitation ressemble à celle des singes."


[Kandinsky, "Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier", pg 51; Folio essais, 1993]

Re: Vos passages préférés

Posté : dim. 10 juil. 2016 13:18
par Sieglinde
joli en effet, ça me fait penser à un ami compositeur qui essaye de composer dans un style 19ème...

Dostoïevsky: Les Démons:

"Chacun de vous a une lourde tâche à accomplir. Vous êtes appelés à rénover une société décrépite et puante: que cette pensée stimule continuellement votre courage! Tous vos efforts doivent tendre à ce que tout s'écroule, l'Etat et sa morale. Nous resterons seuls debout, nous qui nous sommes préparés depuis longtemps à prendre le pouvoir en main. Nous nous annexerons les gens intelligents, et pour ce qui est des imbéciles, nous monterons sur leur dos. Cela ne doit pas vous trouble. Il nous faudra rééduquer la génération actuelle pour la rendre digne de la liberté."

Re: Vos passages préférés

Posté : dim. 10 juil. 2016 20:53
par Zorghx
Ouip^^. Même si je ne suis pas entièrement d'accord avec tous les concepts de Kandinsky,
ça m'avait fait dire, à l'époque où je l'avais lu (vers 2001):"Oufti! Qué rebelle, ce Kandinsky! J'aaime^^! " :D

-------
Cet extrait-ci date d'une de mes lectures lointaines
mais le livre m'avait beaucoup fait rire; ça me fait d'ailleurs penser
à la façon dont parle parfois le démon vert^^ dont les phrases
sont parfois sans queue ni queue. :)

En joie:

" (...) Le texte s'intitule L'Initiation Suppositoire et date de la période où le fameux penseur [René Guénon] séjourna dans une communauté de derviches tourneurs-hurleurs du Bosphore; frappé par la grippe, ayant eu recours à la pharmacopée orientale, il accepta de consulter un médecin de la mission protestante de Constantinople, lequel lui prescrivit une médication qu'évoque le titre dudit traité.

Guénon, très méfiant envers la modernité mais plus encore affligé de douleurs articulaires et musculaires, se soumit au compromis, mais voulut voir en cet objet un concentré de subtiles allusions symboliques.
Le suppositoire contient l'idée d'un trajet forcé qui, du dehors-le monde l'apparence-, le conduit vers le dedans-le monde de l'intériorité. Le suppositoire se présente donc comme le symbole même de ce processus d'intériorisation propre à toute véritable initiation (voyez l'inversion, typique de la mystique sûfi, du mythe platonicien de la caverne). Toutefois (puisque la vérité est dans la contradiction), le suppositoire se présente également comme le médiateur entre le monde des astres (ciel-Koilos-creux-hémisphère supérieur de la voûte céleste) et le monde des profondeurs, la Caverne Cachée (creux-Koilos-, où l'auteur joue sur la paronomase révélatrice apparentant "c(iel)" à "c(u)l").

(...) Symbole d'une lumière perdue au fin fond des ténèbres, d'un salut salvateur mais irrécupérable, d'une force agissant à l'intérieur mais ne pouvant jamais plus être ramenée à la Lux originelle, le suppositoire devient donc l'emblème de l'incertitude et de la recherche. Ce n'est pas un hasard si, dans toutes les langues, la conjecture, l'interrogation, la question, la tentative d'une réponse inaccessible, prennent toujours la forme de "Je suppose, Suppongo, I suppose" (en allemand, l'expression "Ich nehme an ..." est un rappel explicite à l'"anus").

(...) pourquoi, vu les liens profonds entre la science égyptienne et les connaissances hermétiques des Druides celtes, y-a-t-il des suppositoires en forme d'obélisques et pas en forme de dolmens?"

Umberto Eco, "Comment voyager avec un saumon", pages 198 à 200; Grasset, 1997.

Re: Vos passages préférés

Posté : jeu. 14 juil. 2016 18:24
par Perceval
Dosoïevsky, les démons, 1ère partie, chapitre III: Un pur chef d'oeuvre d'argumentation délirante et surréaliste!

"il disait vrai, j'écris. Mais cela n'a pas d'importance."
Nous nous tûmes pendant une minute et soudain il sourit de ce même sourire enfantin que j'avais déjà remarqué.
"Pour ce qui est des têtes il a pris cette histoire dans les livres; c'est lui qui m'en a parlé le premier, et d'ailleurs, il a mal compris. Moi je recherche seulement les raisons pour lesquelles les hommes n'osent pas se tuer. Et c'est tout. Et cela n'a pas d'importance.
-Ils n'osent pas? Que dites-vous là? Y a-t-il donc si peu de suicides?
- Oui, très peu.
- Vous trouvez?"
Il ne répondit pas, se leva et se mit à marcher de long en large d'un air songeur.
"Et qu'est-ce qui retient les gens de se tuer d'après vous?" demandai-je.
Il me regarda distraitement comme s'il essayait de se souvenir de quoi nous parlions.
"Je...Je ne sais pas encore très bien. Deux préjugés nous retiennent, deux choses, rien que deux, l'une très petite, l'autre très grande. Mais la petite est grande aussi.
-Quelle est donc la petite?
-La souffrance.
-La souffrance? Est-ce si important...en un cas pareil?
-Oui, très important. Il y a deux catégories, ceux qui se tuent à cause d'une grande douleur, ou bien de rage, ou bien les fous, ou bien à cause de n'importe quoi. Ceux là se tuent brusquement. Ceux là songent peu à la souffrance, en une minute c'est fini. Mais ceux qui raisonnent, ceux là pensent beaucoup à la souffrance.
-Est-ce qu'il y en a qui se tuent en raisonnant?
-Beaucoup. N'étaient les préjugés, il y en aurait encore d'avantage, un très grand nombre, tous.
-Tous? Vraiment?"
Il ne répondit mot.
"Mais n'y a-t-il pas moyen de se tuer sans souffrir?
-Imaginez vous, dit-il en s'arrêtant devant moi, imaginez vous une pierre de la grosseur d'une maison. Elle surplombe la route et vous êtes sous elle; si elle vous tombe sur la tête, aurez vous mal?
-Une pierre de la grosseur d'une maison? J'aurais peur évidemment.
-Je ne parle pas de votre peur; mais souffririez vous?
-Une pierre grosse comme une montagne, un million de pouds? Bien entendu, je ne sentirais rien.
-Et cependant si vous vous trouviez dans cette situation, tant que vous seriez sous la pierre, vous auriez très peur d'avoir mal. Et le plus grand des savants, le plus grand des docteurs, tous, absolument tous, auront très peur de souffrir. Ils sauront qu'ils ne souffriront pas, mais ils auront peur de souffrir.
-Et la seconde raison, la plus grande?
-L'autre monde.
-C'est à dire le châtiment?
-Cela importe peu. L'autre monde, uniquement l'autre monde.
-N'y a-t-il pas cependant des athées qui ne croient pas à l'autre monde?"
Il garda le silence.
"Vous jugez peut-être d'après vous même?
-Chacun ne peut juger que d'après lui même répondit-il en rougissant. La liberté sera totale quand il sera indifférent de vivre ou de mourir. Voilà le but de tout.
-Le but? Mais alors il se peut que personne ne veuille plus vivre?
-Personne, prononça-t-il d'un ton ferme.
-L'homme a peur de la mort parce qu'il aime la vie, observais-je. Voilà comment je comprend les choses. Ainsi le voulut la nature.
-c'est une lâcheté et c'est là qu'est tout le mensonge! s'écria-t-il les yeux brillants. La vie est souffrance, la vie est terreur, et l'homme est malheureux. Tout n'est maintenant que souffrance et terreur. Maintenant l'homme aime la vie parce qu'il aime la souffrance et la terreur. Voila ce qu'on a fait. La vie se présente sous l'aspect de la souffrance et de la terreur. C'est là qu'est le mensonge. Aujourd'hui l'homme n'est pas encore l'homme. Un homme nouveau viendra, heureux et fier. Celui auquel il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre, celui là sera l'homme nouveau. Celui qui vaincra la souffrance et la terreur, celui-là sera lui-même Dieu. Quant à l'autre Dieu il ne sera plus.
-Donc ce Dieu existe tout de même d'après vous?
-Il n'existe pas, mais il est. Il n'y a pas de souffrance dans la pierre, mais il y en a dans la peur de la pierre. Dieu est la souffrance de la peur de la mort. Celui qui vaincra la souffrance et la terrer, celui-là sera lui-même Dieu. Alors commencera une vie nouvelle, alors paraîtra l'homme nouveau. Tout sera nouveau...Alors on partagera l'histoire en deux périodes: du gorille à l'anéantissement de Dieu, et de l'anéantissement de Dieu...
-Au gorille?
-A la transformation physique de l'homme et de la terre. L'homme sera Dieu et se transformera physiquement. Et l'univers se transformera, et les oeuvres se transformeront, et les sentiments, et les pensées. Ne croyez-vous pas que l'homme change alors physiquement?
-S'il devient indifférent de vivre ou de mourir tout le monde se tuera, et voilà en quoi consistera le changement peut-être.
-Cela n'a pas d'importance. On tuera le mensonge. Celui qui veut parvenir à la liberté suprême, celui là doit avoir le courage de se tuer. Celui qui a le courage de se tuer, celui là a percé le secret du mensonge. Il n'y a pas de plus haute liberté. Tout est là et au delà il n'y a plus rien. Celui qui ose se tuer est Dieu. Chacun peut faire à présent qu'il n'y ait point de Dieu, et qu'il n'y ait rien. Mais personne encore ne l'a jamais fait.
-Des millions de gens se sont tués pourtant.
-Mais toujours pour d'autres raisons, toujours avec terreur et jamais pour cela. Jamais pour tuer la terreur. Celui qui se tuera uniquement pour tuer la terreur, celui-là deviendra instantanément Dieu.
-Il n'en aura peut-être pas le temps. Observais-je.
-Cela ne fait rien, répondit-il doucement, avec un calme orgueil, presque avec mépris. Je regrette que vous ayez l'air de rire, ajouta-t-il au bout d'un instant.

Re: Vos passages préférés

Posté : ven. 15 juil. 2016 04:24
par Zorghx
Perceval a écrit :Un pur chef d'oeuvre d'argumentation délirante et surréaliste!
Euh délirant, surtout, je trouve, en lisant cet extrait.
Je n'ai pas lu énormément de littérature surréaliste, ni de littérature tout court, d'ailleurs, j'avoue^^.
Mais je me souviens qu'une fois, j'avais lu "L'Arrache-coeur " et "L'écume des jours" de Boris Vian:
C'était tellement déprimant que je n'ai plus chercher à lire ce genre de livres.
Par contre, en peinture, les surréalistes m'ont souvent attirés et étonnés, en particulier,
Magritte, Miro, Georgio De Chirico ou Delvaux, voire même Salvatore Dali.

----------------------------------

Voici un extrait d'un livre qui m'a marqué; j'aime beaucoup les descriptions
mais c'est trop long à retaper( suis-je paresseux?^^) et je n'ai mis qu'un pitit extrait :

"(...) Du côté intérieur, les montagnes descendaient en longues pentes emplies du son de cascades bouillantes, et, tout joyeux, il pressa le pas. Comme il posait le pied sur l'herbe de la Vallée, il entendit chanter des voix d'elfes, et, sur un gazon au bord d'une rivière éclatante de lis, il tomba sur un nombreux groupe de jeunes filles qui dansaient. La rapidité, la grâce et les modes toujours chageants de leurs mouvements l'enchantère, et il s'avança vers leur cercle. Elles s'immobilisèrent alors soudain, et une jeune fille aux cheveux flottants et en robe plissée vint à sa rencontre.

Elle rit en lui disant : « Vous devenez hardi, Front Etoilé, ne trouvez-vous pas? Ne craignez-vous point ce que pourrait dire la Reine, si elle avait connaissance de ceci? A moins que vous n'ayez sa permission.» Il fut déconcerté, prenant conscience de sa propre pensée et sachant qu'elle la lisait, à savoir que l'étoile qu'il avait au front était un passeport pour aller partout où il le voudrait; il sut alors que ce n'était pas le cas. Mais elle sourit et reprit la parole: «Allons! Maintenant que vous êtes ici, vous aller danser avec moi» ; elle le prit par la main pour l'entraîner dans le cercle.

Là, ils dansèrent ensemble et il sut un moment ce que c'était d'avoir la rapidité, le pouvoir et la joie de l'accompagner. Pendant un moment. Mais bientôt, lui sembla-t-il, ils s'arrêtèrent; elle se baissa pour cueillir une fleur blanche à ses pieds et la piqua dans les cheveux de Smith. «Adieu, maintenat! dit-elle. Peut-être nous rencontrerons-nous de nouveau, avec la permission de la Reine.» "

J.R.R. Tolkien
, "Faërie", extrait de "Smith de Grand Wootton"; pages 83 et 84, POKET, 1992

Re: Vos passages préférés

Posté : ven. 15 juil. 2016 11:15
par Perceval
Dans un tout autre registre, Corneille, Cinna: acte II scène 1:

Si l'amour de pays doit ici prévaloir,
C'est son bien seulement que vous devez vouloir ;
Et cette liberté, qui lui semble si chère,
N'est pour Rome, seigneur, qu'un bien imaginaire,
Plus nuisible qu'utile, et qui n'approche pas
De celui qu'un bon prince apporte à ses Etats.
Avec ordre et raison les honneurs il dispense,
Avec discernement punit et récompense,
Et dispose de tout en juste possesseur,
Sans rien précipiter, de peur d'un successeur.
Mais quand le peuple est maître, on n'agit qu'en tumulte :
La voix de la raison jamais ne se consulte ;
Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux,
L'autorité livrée aux plus séditieux.
Ces petits souverains qu'il fait pour une année,
Voyant d'un temps si cour leur puissance bornée,
Des plus heureux desseins font avorter le fruit,
De peur de le laisser à celui qui les suit ;
Comme ils ont peu de part au bien dont ils ordonnent,
Dans le champ du public largement ils moissonnent,
Assurés que chacun leur pardonne aisément,
Espérant à son tour un pareil traitement :
Le pire des Etats, c'est l'Etat populaire.

Re: Vos passages préférés

Posté : sam. 16 juil. 2016 12:32
par Perceval
Et, dans un registre plus amusant, quelques citations courtes:

Corneille:
"Il vaut mieux savoir plaire avec art que savoir l'art de plaire."

Aragon:
"On sait que le propre du génie est de fournir des idées aux crétins de 20 ans après."

Cioran:
"Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur le champs."

Montherlant:
"Le problème est de concilier ces deux êtres si malaisément conciliables: le héros et l'intelligent." (spéciale dédicace Sieglinde...)

Machiavel:
"Il allait par eau de Pise à Livourne. Il s'éleva un gros temps. Castruccio ne pût s'empêcher de témoigner quelque crainte. Un fanfaron de sa compagnie le lui reprocha, ajoutant que, pour lui, il n'avait peur de rien. "je ne m'en étonne pas, répondit-il, chacun estime sa vie ce qu'elle vaut."

Tallemant des Réaux:
"Le Roy ne fut voir le cardinal qu'un peu avant qu'il mourrût, et, l'ayant trouvé fort mal, il en sortit fort gai" (il s'agit de Louis XIII et Richelieu)

Napoléon Ier:
"Toujours seul au milieu des hommes, je rentre pour rêver avec moi même et me livrer à toute la vivacité de ma mélancolie."

"La vie est un songe léger qui se dissipe."

"La faiblesse du pouvoir suprême est la plus affreuse des calamités des peuples."

"Du sublîme au ridicule, il n'y a qu'un pas."

"On me croit sévère et dur, tant mieux, cela me dispense de l'être."

"Le manque de jugement et les défauts d'éducation peuvent porter une femme à se croire en tout l'égale de son mari"


Voilà, j'espère que ça vous aura fait rire un peu, n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez et à partager les vôtres!

Re: Vos passages préférés

Posté : mar. 19 juil. 2016 22:51
par Gargamel
Oui, quelques-unes de tes citations m'ont fait rire, merci! ;)
Corneille
"Il vaut mieux savoir plaire avec art que savoir l'art de plaire."
:arrow: Si plaire est un art, alors c'est un art bas, un baz'art (Lool) :
Une manipulation aussi sournoise que la publicité, si je comprends bien ...
Mais j'ai supposé que sa citation avait une teinte ironique
ou que sa réflexion se limitait au plan de la séduction
mais là encore, ça sonne comme une phrase de "play boy" en pyjama
donc dans le doute, je m'abstiendrai d'en conclure quelque chose de trivial. ;)
Aragon:
"On sait que le propre du génie est de fournir des idées aux crétins de 20 ans après."
:arrow: Ah ben merci Aragon, pour ceux qui sont seulement des crétins
et qui balbutient encore dans leur couche-culotte ! Image

Un crétin comme moi pourrait lui répondre ceci:
Le génie n'existe pas.C'est d'un travail passionné et acharné que naît quelque chose
de formidable et beau, dépassant parfois les contemporains qui pourraient crier
"Haut, génie!"(Combo lol). Image

Certes, il existe des êtres exceptionnels, tels qu'Einstein, Rammstein (lol), Beethoven
ou que meugneugneu quelques personnes de l'histoire qu'on pourrait presque placer
sur le piédestal du génie maaaaaaaaaaais ...
C'est idiot parce que c'est oublier que c'est l'implication entière dans leur travail
et uniquement leur travail ( parfois au détriment de leur famille et de leur santé )
qui a permis à ces personnes de faire ou de créer quelque chose dont tout le monde
ou presque s'accorde, en voyant le résultat, que cela tient du génie.

Le terme "génie" pousserait donc à la confusion et est inapproprié
pour qualifier ces personnes exceptionnelles qui ont jalonné notre histoire humaine
car d'ailleurs, l'humain n'est pas un dieu et ne le sera jamais ...

Houlà, je m'emballe, désolé^^ donc je vais en terminer avec mes élucubrations lugubres.Image
Cioran:
"Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur le champs."
Euh? Comme Marcel?^^ Marcel Duchamp! :arrow: :lol:

:arrow: Tout ça dépend de qui on est, voire de qui on naît ... :roll: Image
Montherlant:
"Le problème est de concilier ces deux êtres si malaisément conciliables: le héros et l'intelligent." (spéciale dédicace Sieglinde...)
:arrow: Là aussi, j'émettrais quelques doutes: Des héros intelligents, il y en a,
en tous cas, dans la littérature ou les contes, légendes, etc.
... Et, jamais personne n'a fait de malaise en apprenant le contraire. Image


Tallemant des Réaux:
"Le Roy me fut voir le cardinal qu'un peu avant qu'il mourût, et, l'ayant trouvé fort mal, il en sortit fort gai" (il s'agit de Louis XIII et Richelieu)
:arrow: Mouarfarfarfarf! ImageImageImage
J'aime beaucoup à cause de l'interprétation actuelle qui peut porter à confusion,
si la phrase citée est lue à haute voix.
Napoléon Ier:
"Toujours seul au milieu des hommes, je rentre pour rêver avec moi-même et me livrer à toute la vivacité de ma mélancolie."

"La vie est un songe léger qui se dissipe."

"La faiblesse du pouvoir suprême est la plus affreuse des calamités des peuples."

"Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas."

"On me croit sévère et dur, tant mieux, cela me dispense de l'être."

"Le manque de jugement et les défauts d'éducation peuvent porter une femme à se croire en tout l'égale de son mari"
:arrow: Comme les franc-maçons disent, en levant leur truelle d'une main
et en aiguisant leur compas, de l'autre : "Vanité ou vanité, tel est la question."
Image

Quant à la dernière citation qui parle de la femme ...
Je pense que la femme et l'homme ont des choses en commun et d'autres qui les différencie
et c'est fort heureux^^ ! De là, à dire que la femme est inférieure à l'homme ou inversement,
c'est tout simplement ...
Image ... Absurde.

Re: Vos passages préférés

Posté : mar. 19 juil. 2016 23:49
par Perceval
texte comique par un des plus grands satiristes français. Il faut savoir qu'à l'époque les médecins étaient partagés, ceux de l'académie prônaient de garder les anciennes doctrines, et notamment celles d'Aristote, ils affirmaient que le sang ne circulait pas dans le corps. Un autre courant, plus proche de la réalité sur le terrain, s'y opposait. Boileau avec sa verve habituelle, défendit ces derniers avec (c'est long mais sublime, à lire absolument, et à se tordre de rire!):

" L'arrêt burlesque.
Donné en la Grand'chambre du Parnasse, en faveur des maîtres ès arts, médecins et professeur de l'université de Stagire, au pays des Chimères, pour le maintien de la doctrine d'Aristote.

Vu par la cour la requête présentée par les régens, maître ès arts, docteurs et professeurs de l'Université, tant en leur noms que comme tuteurs et défenseurs de la doctrine de maître en blanc (= pas de nom de baptème), Aristote, ancien professeur royal en grec dans le collège du Lycée, et précepteur du feu roi de querelleuse mémoire, Alexandre, dit le Grand, acquéreur de l'Asie, Europe, Afrique et autres lieux; contenant que, depuis quelques années, une inconnue, nommée la Raison, auroit entrepris d'entrer par force dans les écoles de ladite Université, et pour cet effet, à l'aide de certains quidams factieux, prenant les surnoms de Gassendistes, Cartésiens, Malebranchistes, et Pourchotistes (célères philosophes et penseurs du temps), gens sans aveu, se seroit mise en état d'en expulser ledit Aristote, ancien et paisible possesseur desdites écoles, contre lequel elle et ses consorts auraient déjà publié quelques livres, traités, dissertations et raisonnements diffamatoires, voulant assujettir ledit Aristote à subir devant elle l'examen de sa doctrine, ce qui seroit directement opposé aux lois, us et coutumes de ladite Université, où ledit Aristote aurait toujours été reconnu pour juge sans appel et non comptable de ses opinions. Que même sans l'aveu d'icelui, elle auroit changé et innové plusieurs choses en et au dedans de la nature, ayant ôté au cœur la prérogative d'être le principe des nerfs, que ce philosophe lui avoit accordée libéralement et de son bon gré, et laquelle elle auroit cédée et transportée au cerveau. Et ensuite, par une procédure nulle de toute nullité, auroit attribué audit cœur la charge de recevoir le chyle, appartenant ci-devant au foie, comme aussi de faire voiturer le sang par tout le corps, avec pleins pouvoirs audit sang d'y vaguer, errer et circuler impunément par les veines et artères, n'ayant d'autres droits ni titres, pour faire lesdites vexations, que la seule expérience, dont le témoignage n'a jamais été reçu dans lesdites écoles. Auroit aussi attenté ladite Raison, par une entreprise inouïe, de déloger le feu de la plus haute région du ciel, et prétendu qu'il n'avoit là aucun domicile, nonobstant les certificats dudit philosophe, et les visites et descentes faites par lui sur les lieux. Plus, par un attenta et voie de fait énorme contre la Faculté de médecine, se seroint ingérée de guérir, et auroit réellement et de fait guéri quantité de fièvres intermittentes, comme tierces, doubles tierces, quartes, triples quartes, et même continues, avec vin pur, poudre, écorce de quinquina et autre drogue inconnues audit Aristote et à Hippocrate son devancier, et ce sans saignée, purgation ni évacuation précédente; ce qui est non seulement irrégulier, mais tortionnaire et abusif; ladite Raison n'ayant jamais été admise ni agrégée au corps de ladite Faculté et ne pouvant par conséquent consulter avec les docteurs d'icelle, ni être consultée par eux, comme elle ne l'a en effet jamais été. Nonobstant quoi, et malgré les plaintes et oppositions réitérées des sieurs Blondel, Courtois, Denyau et autres défenseurs de la bonne doctrrine, elle n'auroit pas laissé de se servir toujours desdites drogues, ayant eu la hardiesse de les employer sur les médecins eux même de ladite Faculté, dont plusieurs, au grand scandale des règles, ont été guéris par lesdits remèdes; ce qui est d'un exemple très dangereux, et ne peut avoir été fait que par mauvaises voies, sortilèges et pactes avec le diable. Et non contente de ce, auroit entrepris de diffamer et bannir des écoles de philosophie les formalités, matérialités, entités, identités, virtualités, eccéités, pétréités, polycarpéités, et autres êtres imaginaires, tous enfants et autres ayants cause du défunt maître Jean Scot, leur père; ce qui porteroit un préjudice notable et causeroit la totale subversion de la philosophie scolastique, dont elles font tout le mystère, et qui tire d'elles toute sa subsistance, s'il n'y étoit par la cour pourvu. Vu les libelles intitulés physique de Rohault, Logique de Port-Royal, Traité du Quinquina, même l'Adversus Aristoteleos de Gassendi, et autres pièces attachées à ladite requête signée Chicaneau, procureur de ladite Université: Oui le rapport du onseiller commis, tout considéré:
La cour, ayant égard à ladite requête a maintenu et gardé, maintient et garde ledit Aristote en la pleine et pasible possession et jouissance desdites écoles. Ordonne qu'il sera toujours suivi et enseigné par les régens, docteurs, maîtres ès arts et professeurs de ladite Université, sans que pour cela ils soient obligés de le lire, ni de savoir sa langue et ses sentiments. Et sur le fond de sa doctrine, les renvoie à leurs cahiers. Enjoint au cœur de continuer d'être le principe des nerfs, et à toute personnes, de quelque condition et profession qu'elles soient, de le croire tel, nonobstant toute expérience à ce contraire. Ordonne pareillement au chyle d'aller droit au foie, sans plus passer par le cœur. Fait défenses au sang d'être plus vagabond, errer ni circuler dans le corps, sous peine d'être entièrement livré et abandonné à la Faculté de médecine. Défend à la Raison et à ses adhérents de plus s'ingérer à l'avenir de guérir les fièvres tierces, doubles tierces, quartes, triples quartes ni continues, par mauvais moyens et voies de sortilèges, comme vin pur, poudre, écorces de quinquina et autres drogues non approuvées ni connues des anciens. Et en cas de guérison irrégulière par icelles drogues, permet aux médecins de ladite Faculté de rendre, suivant leur méthode ordinaire, la fièvre aux malades, avec casse, séné, sirops, juleps et autres remèdes propres à ce, et de remettre lesdits malades en tel et semblable état qu'ils étoient auparavant, pour être ensuite traités selon les règles, et, s'ils n'en réchappent, conduits du moins en l'autre monde suffisamment purgés et évacués. Remet les entités, identités, virtualités, et eccéités, et autres pareilles formules scotiste, en leur bonne fame et renommée; A donné acte aux sieurs Blondel, Courtois et Denyau de leur opposition au bon sens. A réintégré le feu dans la plus haute région du ciel, suivant et conformément aux descentes faites sur les lieux. Enjoint à tous régens, maître ès arts et professeurs, d'enseigne comme ils ont accoutumé, et de se serrvir, pour raison de ce, de tel raisonnement qu'ils aviseront bon être, et aux répétiteurs hibernois et autres de leurs suppôts de leur prêter main-forte, et de courir sus aux contrevenants, à peine d'être privés du droit de disputer sur les prolégomènes de la logique. Et afin qu'à l'avenir il n'y soit contrevenu, a banni à perpétuité la Raison des écoles de ladite Université; lui fait défenses d'y entrer, troubler ni inquiéter ledit Aristote en la possession et jouissance d'icelles, à peine d'être déclarée janséniste et amie des nouveautés. Et à cet effet sera le présent arrêt lu et publié aux Mathurins de Stagire, à la première assemblée qui sera faite pour la procession du recteur, et affiché aux portes de tous les collèges du Parnasse et partout où besoin sera. Fait ce trente-huitième jour 'août onze mil six cent soixante et quinze.